Utilisation de médicaments dans le cadre de la PMD : ce qui est sûr et quand faire preuve de prudence

Historiquement, on pensait que les patients souffrant de maladies mitochondriales devaient éviter de nombreux médicaments car ils pouvaient avoir un impact sur la fonction mitochondriale. Cependant, nous savons aujourd’hui que de nombreux médicaments sont bien tolérés lorsqu’ils sont pris dans le cadre d’un traitement de routine. Il est important de se rappeler que des effets secondaires peuvent survenir avec n’importe quel médicament chez n’importe quel patient. Il est donc essentiel de suivre les conseils de votre fournisseur de soins de santé et de lire les informations relatives au médicament. En 2019, le rapport « Safety of drug use in patients with a primary mitochondrial disease :An international Delphi-based consensus » a été publié. Ce document de consensus mis à jour a établi de nouvelles lignes directrices pour une utilisation sûre des médicaments

chez les patients atteints d’une maladie mitochondriale primaire. Des médicaments spécifiques, des groupes de médicaments et des Les conditions cliniques ou génétiques sont décrites séparément dans le document. À partir de cet article, l’International Mito Patients Association (IMP) a créé un documentintitulé « List of Medicines to be Used with Caution » (Liste des médicaments à utiliser avec précaution), qui comprend deux tableaux. Le tableau 1 est une « Liste de médicaments étudiés et considérés comme sûrs à utiliser », et le tableau 2 est une « Attention concernant la prescription de médicaments chez les patients atteints d’une maladie mitochondriale »

Tableau 1. Liste des médicaments dont l’utilisation est considérée comme sûre

Catégorie Nom générique
Inhibiteurs de l’ECA Captopril, périndopril, énalapril, lisinopril
Analgésiques – Antipyrétiques acétaminophène (paracétamol), salicylés
Anesthésiques artisan, bupivacaïne, lidocaïne, halothane, isoflurane, sévoflurane, barbituriques, fentanyl, kétamine, midazolam / benzodiazépine, propofol
Antiarythmiques amiodarone, bêta-bloquants
Antibiotiques ceftriaxone, chloramphénicol, linézolide, quinolones, tétracylines
Médicaments antidiabétiques biguanides (metformine), thiazolidinedione (glitazones)
Médicaments antiépileptiques barbituriques, carbamazépine, gabapentine, levetriacetam, oxcarbazépine, pérampanel, phénytoïne, rufinamide, stiripentol, topiramate
Antipsychotiques / neuroleptiques / antidépresseurs amitriptyline, amoxapine, chlorpromazine, clozapine, fluoxétine, fluphénazine, halopéridol, quétiapine, rispéridone
Médicaments antirétroviraux par exemple zidovudine, abacavir
Bisphosphonates p. ex. pamidronate, alendronate
Cannabidiol
Chimiothérapie ex : carboplatine, doxorubicine, ifosfamide
Éthanol
Fibrate médicaments clofibrate, ciprofibrate
Immunothérapie interférons
AINS ex : diciofénac, indométhacine, naproxène
Statines ceftriaxone, chloramphénicol, linézolide, quinolones, tétracylines
Stéroïdes par exemple hydrocortisone, dexaméthone, prednisone

Tableau 2. Liste des médicaments avec précautions

Catégorie Points d’attention
Acide valproïque (valproate de sodium) Ne doit être utilisé que dans des circonstances exceptionnelles. Ne doit absolument pas être administré aux patients présentant des mutations dans un gène appelé POLG ou aux patients présentant des symptômes suspects de maladie POLG. Ne doit pas être utilisé chez les patients souffrant d’une maladie du foie.
Aminoglycosides (antibiotiques) En cas de mutations spécifiques de l’ADN mitochondrial (ARNr 12S), ces antibiotiques peuvent provoquer une perte auditive. Dans les situations d’urgence, les ahminoglycosides peuvent être utilisés, mais les avantages du médicament sont alors plus importants. Si un traitement à long terme est nécessaire, il convient de rechercher ces mutations et/ou de passer à un autre régime antibiotique.
Médicaments bloquants neuromusculaires (utilisés pour l’anesthésie) Chez les patients souffrant d’une maladie musculaire, il est préférable de ne pas utiliser ces médicaments ou, si nécessaire, de les soumettre à une surveillance stricte.
Situation spécifique
Anesthésie générale et chirurgie La période de jeûne avant l’opération doit être aussi courte que possible. Lors d’une anesthésie prolongée, l’apport hydrique et calorique doit être assuré par une perfusion de glucose, sauf si le patient suit un régime cétogène.
Durée du traitement Des effets secondaires peuvent apparaître lorsque le médicament est utilisé pendant une période prolongée. Il convient d’évaluer pour chaque patient si la nécessité d’un traitement à long terme l’emporte sur les effets secondaires possibles.
Insuffisance rénale Les reins éliminent certains médicaments du sang. Si les reins ne fonctionnent pas correctement, une trop grande quantité de médicaments reste dans le sang. Cela peut entraîner davantage d’effets secondaires. La posologie et/ou la fréquence d’administration doivent être adaptées pour ces médicaments.
Taux élevé d’acide lactique dans le sang Les patients atteints d’une maladie mitochondriale peuvent présenter une augmentation de l’acidité sanguine en raison d’un taux élevé d’acide lactique. Dans ce cas, il est préférable de ne pas utiliser de médicaments susceptibles d’acidifier le sang ou, si nécessaire, de surveiller régulièrement les valeurs sanguines.